Belgique - Russie (détail)
La Belgique joue sa Coupe du Monde en nonante minutes
A droite, le Mont Fuji, à gauche, l'Océan pacifique, au centre, le destin des Diables Rouges... Ce matin, dans la banlieue de Shizuoka, une région au sud de Tokyo, connue pour sa production de thé vert et ses clubs de football - on parle d'ailleurs de Brésil japonais pour qualifier la province - la Belgique jouera sa Coupe du Monde en 90 minutes. Un suspense éphémère qui tranchera avec le Mont Fuji, le symbole du Japon éternel. Face à la Russie, Marc Wilmots et ses équipiers joueront donc l'énième épisode du feuilleton sur le thème Vaincre ou mourir contre un adversaire qui peut se contenter d'un partage pour poursuivre son aventure asiatique.
C'est dans une ambiance surréaliste que nos représentants vont aborder ce match qui déterminera, une fois pour toute, la réussite ou l'échec de leur campagne nippone. Car l'objectif est clair depuis le départ: dans le groupe le plus ouvert de la compétition, la Belgique visait les huitièmes de finale. Et une défaite contre le Brésil, à ce stade, n'aurait plus rien de déshonorant, alors que s'ils décrochent finalement la première place, les Diables pourront s'offrir une revanche contre la Turquie... Surréaliste, disions-nous, car en moins d'un mois, la Belgique a réussi l'exploit de perdre quasi tous les repères et toutes les certitudes qu'elle avait trouvés à Paris, balayant au Stade de France les hésitations d'une préparation en demi-teinte. En arrivant au Japon, on soulignait que le groupe de Robert Waseige jouissait d'un enthousiasme rafraîchissant, d'une solidarité sans faille et d'un système de jeu qui paraissait immuable.
Aujourd'hui, au moment d'affronter l'heure de vérité, que reste-t-il de l'édifice? L'enthousiasme a fait place au doute après un nul pathétique face à la Tunisie, la solidarité a été ébréchée par une semaine de rumeurs, de plaintes à peine voilées et de bisbrouilles sans gloire avec la presse. Quant au système de jeu, même si Robert Waseige répète qu'il n'est jamais sorti de son 4-4-2 souple, il faut bien dire qu'il a subi quelques modifications scabreuses. Et surtout, face à l'impuissance de beaucoup de ses joueurs, le coach fédéral a été contraint de procéder à de multiples changements. Sonck, Verheyen et Strupar ont déjà évolué comme attaquants de pointe; Walem, Vermant, Mpenza, Simons, Goor, Verheyen et Vanderhaeghe ont déjà été utilisés dans l'entrejeu. En cent quatre-vingts minutes.
Pour la première fois depuis que Waseige est aux commandes, le fil conducteur n'apparaît pas clairement et à part le retour de Van Kerckhoven sur le flanc gauche, on n'a pas beaucoup de certitudes quant au onze de base.
Retrouver son âme
Hier, lors de la dernière conférence de presse, le futur entraîneur du Standard n'a pas éclairé notre lanterne, puisqu'il s'est contenté de dire que tout son effectif était disponible et qu'il hésitait encore sur deux ou trois positions. Sans aucun doute, il s'agit de l'arrière droit, où Peeters et Deflandre sont toujours en balance et de la place aux côtés de Simons, au milieu de l'entrejeu. Vanderhaeghe s'est montré très bon lors des deux premières rencontres, mais Walem pourrait être choisi pour un match qu'on doit gagner. Enfin, à droite, Mpenza pourrait enfin retrouver sa place d'entrée de jeu. Bref, un onze proche de celui qui s'est imposé à Paris paraît le plus judicieux. Car l'important, c'est que les Diables retrouvent surtout leur âme et cette volonté d'aller de l'avant qui était le cachet de Robert Waseige jusqu'il y a peu.
© Les Sports 2002
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