Il est exact qu'il n'y a rien de plus énervant pour un joueur -ou pour quiconque, d'ailleurs- que de voir ses propos mal interprétés et, encore pis, déformés par la presse. Il n'y a rien de plus injuste, en revanche, que de mettre tout le monde dans le même panier. Quand un joueur ou dirigeant a des griefs à formuler vis-à-vis d'un journaliste, il ne tient qu'à lui de ne plus lui parler. Faire une généralité est, tout simplement, un manque de respect pour le supporter puisque la presse n'est jamais que le trait d'union entre le public et la délégation. Et cela, il y en a vraiment trop peu qui le comprennent.

Ce genre de réaction n'est pas propre à la Belgique. Dans de nombreuses délégations, il y eut, au cours des derniers grands rendez-vous du football, ailleurs et même chez nous, des gestes de semblable mauvaise humeur qui n'ont jamais rien apporté à personne. Dans le cas des Diables Rouges, le moment était d'autant plus malvenu que la superbe qualification face à la Russie était l'occasion ou jamais de signer la grande réconciliation nationale. Ce ne fut pas le cas et si, grâce à la diplomatie de Robert Waseige, tout a pu, en fin de compte, rentrer in extremis dans l'ordre, l'image donnée a malheureusement gommé une partie de la sympathie qui avait été reconquise à Shizuoka.

Dommage car ce Belgique - Brésil, à l'heure du repas de midi, c'est une bénédiction. Le match où, contrairement aux précédents, l'on a tout à gagner et l'adversaire tout à perdre. Le match des huitièmes de finale qui attirera le plus de monde devant les écrans de tout l'univers. Il est incroyable de constater comment, toutes les dépêches d'agence en attestent, tant du côté brésilien qu'anglais, on parle du choc Angleterre - Brésil de vendredi à Shizuoka comme du clou des quarts de finale, sans imaginer une seconde que la Belgique pourrait en être. Elle n'est pourtant jamais aussi forte que dans ces moments-là et l'a prouvé à maintes reprises. Les plus grands exploits de la carrière des Diables (finalistes de l'Euro 80, demi-finalistes du Mundial 86) ont été réussis alors qu'on les attendait le moins...

En attendant, voici comment les grands bookmakers londoniens voient cette partie (à l'issue des 90 minutes traditionnelles) :

William Hill: 1.36 (victoire Brésil), 3,75 (nul), 8 (victoire Belgique).

Coral-Eurobet: 1,40 (victoire Brésil), 3,80 (nul), 8 (victoire Belgique).

Ladbrokes: 1,20 (victoire Brésil), 3,80 (nul), 4,50 (victoire Belgique).

Il n'y a pas à dire, on ne nous considère pas vraiment comme des caïds, à Londres, mais cette Coupe du Monde est celle des surprises. La France, l'Argentine, le Portugal out, l'Allemagne et l'Espagne qui faillirent bien l'être, pourquoi pas les Diables aujourd'hui puisqu'on vit une copie quasi conforme (jusqu'ici) de la Coupe du Monde de 86: une superbe victoire contre la Russie après un début catastrophique. Alors, pourquoi les Diables ne seraient-ils pas encore bons pour un petit tour?