Le but assassin de Platt
1990
Pour trois grandes figures de notre football, ce Mondiale italien fut la dernière compétition internationale à prendre place dans leur très beau palmarès. Le premier, Guy Thys, entraîneur à succès qui avait conduit la Belgique au titre de vice-champion d’Europe en 80 et au dernier carré de la Coupe du Monde 86, pensait pourtant ne pas diriger les Diables sur le sol transalpin. Il avait passé le témoin à Walter Meeuws, quelques mois plus tôt, tout en conservant un statut de parrain qu’il dut bien vite abandonner, son filleul campinois cafouillant la préparation du tournoi. Le deuxième, Jan Ceulemans, toujours recordman de capes en équipe nationale (96) et de rencontres disputées en phase finale (16 matches), perdit pourtant sa place de titulaire et son statut de capitaine à l’entame du rendez-vous italien. Le troisième, Eric Gerets, hérita du brassard du Brugeois. Jamais sans doute notre équipe nationale n’avait été aussi forte qu’en ce mois de juin 90. Une première victoire logique sur de courageux Sud-Coréens suivie d’un succès probant au terme d’un match plein face à l’Uruguay propulsèrent nos Diables en huitièmes de finale, malgré une courte défaite face aux Espagnols à Vérone qui obligeait les Diables à se mesurer aux Anglais de Bobby Robson en huitièmes de finale. L’Angleterre ne faisait plus peur depuis Bâle 54, et surtout depuis l’Euro 80, où la Belgique l’avait éliminée dans le Groupe 2.
Une seule fois, dans l’histoire du football belge, la Belgique réiussit, en 1936, à battre les Anglais. Elle fut près de recommencer le 26 juin 90 à Bologne, où nos compatriotes auraient cent fois mérité de l’emporter, même si l’objectivité oblige à rappeler ce but de Barnes annulé sans raison. Avec un Ceulemans retrouvé, les Diables disputèrent ce qui reste sans doute le plus beau match de leur histoire. Une rencontre historique qui n’aurait jamais dû se terminer par cette élimination imméritée, sanctionnée par ce coup de tête de David Platt à la toute dernière minute de la prolongation. La Belgique, ce soir-là, avait donné une leçon de football aux inventeurs du sport-roi, la dernière de l’une de ses plus belles générations. Quelques mois plus tard, Thys, Ceulemans et Gerets, imités par Leï Clijsters, mettaient un terme à leur carrière internationale... et l’Euro 92 se disputa sans les Diables.
Enzo Scifo, roi parmi les siens
Lothar Matthäus fut élu meilleur joueur du Mondiale 90. Mais derrière l’Allemand champion du monde, Enzo Scifo inscrivit son nom à la deuxième place du palmarès du tournoi italien. Un exploit puisque la Belgique disparu du tableau en huitièmes de finale. Belle revanche pour le... Sicilien qui n’avait pas réussi son premier retour sur ses terres lors d’une saison maudite à l’Inter Milan où, trop jeune sans doute, il avait choisi de poser ses valises abandonnant son Parc Astrid. Reconnu enfin à sa juste valeur par ses anciens compatriotes, le Louvièrois, qui s’était déjà illustré à l’Euro 84 et au Mondial 86, s’était refait une brillante santé à Auxerre, sous les ordres du paternel Guy Roux. A Torino, à Monaco et, aujourd’hui, à Anderlecht, Enzo, Soulier d’Or 84, qui disputa trois phases finales de Coupe du Monde, laissa encore éclater sa classe. Celle du footballeur belge le plus doué de sa génération...