Les champions du monde au tapis
1982
Cruellement écartée des Coupes du Monde 74 (Allemagne) et 78 (Argentine) par les Pays-Bas, chaque fois futurs vice-champions, la Belgique, médaillée de bronze chez elle à l’Euro 72 et d’argent en 1980 à Rome, revient sur la scène planétaire pour au moins 16 ans lors du Mondial 82, où l’Argentine a bien l’intention de conserver un titre acquis sur ses terres. Elle n’a certes plus cet avantage du terrain, mais dispose en revanche du meilleur joueur de la Planète, Diego Maradona. Ce dernier n’imagine pourtant pas ce qui l’attend en montant sur la pelouse du Nou Camp pour le match d’ouverture du 13 juin 1982. Littéralement emmêlé dans une toile d’araignée tissée par Ludo Coeck et imaginée par Guy Thys, le nouveau Pelé tourna en rond et ne fut pas d’une grande utilité pour son équipe. La défense belge neutralisa également Mario Kempes, le héros de 1978, et Jean-Marie Pfaff fit le reste. Les Diables Rouges s’enhardirent, et Frankie Vercauteren offrit un but historique à Erwin Vandenbergh, qui réussit non sans mal à ajuster son tir devant le gardien Jaime Fillol, à la 62e minute.
C’était le deuxième véritable exploit belge, 28 ans après le 4-4 de Bâle contre l’Angleterre. Mais la Belgique, qui fut de nouveau propulsée parmi le cercle restreint des favoris, réussit cette fois - laborieusement - à poursuivre sa route (grâce à une fusée de Ludo Coeck contre le Salvador, et une chevauchée fantastique de Jan Ceulemans ponctuée par Alexandre Czerniatynski contre la Hongrie) jusqu’au deuxième tour, où Theo Custers fut curieusement préféré à Jacky Munaron pour doubler Jean-Marie Pfaff, qui avait percuté Eric Gerets contre la Hongrie (1-1), sous prétexte qu’il connaissait le Stade Sarria comme sa poche. Il facilita pourtant dans une très large mesure le hat-trick du Polonais Zbigniew Boniek (0-3), qui contribua tout aussi largement à la conquête par la Pologne de la 3e place, avant de rejoindre les rangs de la Juventus. La Belgique perdit encore le match suivant contre la Russie, 0-1 par Oganessian, qui périt quelques années plus tard dans un accident de la route. Tout avait pourtant si bien commencé...
Un but historique
Barcelone, Camp Nou, 13 juin 82, Belgique - Argentine, 63e minute. Pfaff relance Gerets de la main. Luc Millecamps appelle le ballon. Le Waregemois le transmet à Vercauteren, démarqué sur la gauche. Vandenbergh plonge dans la défense. D’un centre banane dont il a le secret, Vercauteren trouve Erwin qui amortit de la poitrine, laisse le ballon rebondir, feinte le gardien argentin Fillol et l’ajuste d’un tir du droit tendu. Diego Maradona et les champions du monde sont battus par ce tir de l’Anderlechtois.
Vandenbergh est le plus grand buteur belge de tous les temps. Le Brabançon a coiffé six fois la casquette de meilleur réalisateur de notre Championnat. Révélé au Lierse, consacré à Anderlecht, exilé à Lille, réssuscité à La Gantoise, enterré au RWDM, le centre-avant des Diables, Soulier d’Or à l’époque du Mondial espagnol, en a fait trembler des filets.