En 1930, le Conte Verde est le paquebot qui assure la liaison la plus rapide et la plus confortable entre l'Europe et l'Amérique du Sud. C'est à son bord qu'embarque, le 22 juin, une délégation belge riche de seize joueurs, deux arbitres et... cinquante-huit valises. Avant elle, Roumains, Yougoslaves et Français ont déjà pris place, direction l'Uruguay et la première Coupe du Monde de football.
Privée de plusieurs de ses titulaires, affaiblie par les deux semaines de traversée, l'équipe belge ne fait même pas illusion sur le sol sud-américain. Balayée (3-0) par les Etats-Unis, elle s'incline ensuite devant le Paraguay (1-0), quittant ainsi la compétition sans avoir inscrit le moindre but.
Mais l'important, à cette époque, est encore de participer. En répondant positivement à l'invitation lancée par la FIFA et l'Uruguay, la Belgique prend part à une gigantesque fête populaire et sportive, ponctuée de superbe manière par la victoire du pays hôte, dans le magnifique stade du Centenaire. Ce sommet, un de nos compatriotes a la chance de le vivre à même la pelouse: l'arbitre John Langenus.
Un honneur unique, un souvenir inoubliable qui vaut bien de vivre quelques désagréments. Ainsi, après le match Uruguay - Pérou, il doit rejoindre son hôtel en équipement, les vestiaires du stade n'étant pas encore achevés. Lors d'Argentine - Chili, John Langenus est le témoin d'une véritable bataille rangée entre les deux formations, exigeant l'intervention de la police montée. Et durant la demi-finale Argentine - Etats-Unis, le président de la Fédération américaine, qui fait aussi office de soigneur, lui lance sa trousse à la figure... et le manque de peu!