Maudit Röthlisberger
1994
Les Diables arrachèrent leur billet pour la World Cup après une rencontre aussi décisive qu'indécise face à la République tchèque. Après l'exclusion de Philippe Albert, il fallut l'héroïsme de Filip De Wilde, l'abnégation du vieux Michel De Wolf et l'acharnement d'un Rudi Smidts au nez cassé pour conserver un 0-0 qualificatif derrière la Roumanie. Les Diables, emmenés par un Josip Weber fraîchement naturalisé qui loupa cette phase finale, s'embarquèrent pour les Etats-Unis. Le Mondial 94 permit à Orlando, la ville de Mickey, d'être le théâtre très inhabituel de la 117e édition du derby des plats pays Belgique - Pays-Bas, le 25 juin 1994. L'enjeu? La première place du Groupe F après deux journées, la Belgique ayant battu le Maroc 1-0, alors que les Pays-Bas, menés 0-1, avaient finalement retourné la situation (2-1) contre l'Arabie Saoudite. Favori? Les Pays-Bas bien sûr, comme à chaque fois, ou presque. Le match s'annonçait toutefois indécis, vu la motivation extrême qu'il avait suscité dans le clan belge en général, dès le tirage au sort de Las Vegas. Neuf ans après Georges Grün, qui avait marqué dans un froid glacial au Kuip de Rotterdam, un autre défenseur anderlechtois, Philippe Albert, devenait le bourreau des Pays-Bas sous la canicule du Citrus Bowl. Outre le prestige, cet exploit plaçait la Belgique dans une position de rêve, lui offrant même la perspective de devenir la seule des 24 équipes engagées à boucler le premier tour avec le maximum de points. Un défaite des oeuvres de l'Arabie saoudite (quel but de Owairan!) allait quelque peu refroidir les ardeurs noir-jaune-rouge. Cette inadmissible défaite qui laissa des traces pendant des mois, et même des années, provoqua à terme la disgrâce de Paul Van Himst. Les conséquences immédiates furent encore plus graves. La Belgique rétrograda à la troisième place de sa poule, avec l'obligation de se déplacer à Chicago pour affronter... l'Allemagne en huitièmes de finale. La première période, de haut niveau, permit à la Mannschaft de mener 3-1. Mais les Diables ne s'avouaient pas vaincus et, sans Kurt Röthlisberger, l'arbitre suisse qui oublia de siffler un penalty en faveur de Weber, il auraient pu, ils auraient dû égaliser. Le but tardif d'Albert n'y changea rien. Comme quatre ans plus tôt, la Belgique quittait injustement la Coupe du Monde en huitièmes de finale...
Michel Preud'homme, le Surhomme !
Michel Surhomme. Tel fut son surnom durant cette World Cup où il gagna ses galons de meilleur gardien du monde. Sans lui, nos Diables n'auraient pas passer le premier tour. Michel Preud'homme était bien décidé à prendre une revanche sur le Mondiale 90, où il n'avait pas été tout à fait à la hauteur de sa réputation. Il le fut en revanche contre les Néerlandais, en s'opposant notamment aux coup francs meurtriers de Koeman, mais aussi à des tentatives de Rijkaard, Bergkamp et Overmars. Le Liégeois, qui quitta le Standard après sa suspension suite à l'affaire Waterschei, avait connu bien des honneurs avec le FC Malinois, vainqueur de la Coupe des Coupes et champion de Belgique. Jamais pourtant il n'avait atteint un tel niveau. Avant de s'envoler pour la Floride, Michel Preud'homme avait décidé de lier sa destinée avec Benfica. Les Portugais ne l'ont jamais regretté...