Marc Wilmots ne cache pas le plaisir qu'il éprouve à jouer au Japon

KUMAMOTO Marc Wilmots, vous participez à votre quatrième Coupe du Monde. Comment la vivez-vous?
`Merveilleusement bien! Je la savoure. En 1990, j'étais tout jeune. Fier de côtoyer des monuments comme Gerets et Ceulemans. Lorsqu'à Bologne Platt nous a poignardés, j'ai ressenti la même émotion que l'ensemble du groupe. En 1994, à Chicago contre l'Allemagne, nous avons été victimes d'un assassinat prémédité. Ce fut la Coupe du business. Le joueur n'était qu'un produit commercial. Faire disputer des matches à midi, par 42°, c'était une offense grave faite aux footballeurs. De 1998, j'ai retenu mes deux buts, à Bordeaux contre le Mexique. Les premiers! J'ai quitté l'épreuve déçu car nous étions capables de mieux. Amer, aussi. J'ai été écoeuré par l' affaire Scifo - Leekens - Van der Elst. Et dire que deux personnes ne se sont plus serré la main pendant trois ans! Ici, je me régale. C'est déjà l'épreuve qui me plaît le mieux. Les stades sont superbes et remplis. Les petites équipes ont appris à serrer le jeu et à bien sortir. Et puis, la gentillesse, le respect et la sportivité que le public affiche me ravissent. Imaginez un peu que des gens, voyant passer notre bus, nous ont applaudis alors que nous avions empêché leur équipe de gagner! En Allemagne ou en Hollande, ils nous auraient balancé un pavé. Je vis vraiment le Mondial du plaisir. Ma seule petite doléance est que je n'arrive toujours pas à dormir aux heures japonaises. Je ne m'y ferai sans doute jamais. J'en ai pris mon parti.´

Sur le plan tactique, la confrontation avec la Tunisie s'annonce différente du match contre le Japon.
`Oui. Le Japon a évolué en 3-5-2. La Tunisie jouera en 5-4-1. Les Japonais présentaient trois défenseurs en ligne. Ils nous ménageaient certains espaces. Les Tunisiens fermeront derrière. Pour les déborder, nous devrons afficher de la fraîcheur et de la vivacité. Mais aussi savoir rester patients et toujours rigoureux sur le plan collectif. Ne pas nous énerver si nous ne marquons pas vite. C'est le prototype du match dont je ne raffole pas...´

On a beaucoup épilogué sur la tactique belge lors de la rencontre face au Japon. Partagez-vous certaines réticences?
`Non. On a présenté un 3-5-2 avec deux médians récupérateurs. Dites- moi qui n'opère pas de la sorte? Même la France joue toujours de cette manière. Si on avait concédé aux Japonais une trop grande liberté d'action, ils nous auraient donné le tournis. Je m'insurge contre les critiques qui ont accablé Goor. À l'instar de Jacky Peeters, Bart était seul sur sa ligne. Ils ont couru comme des fous. Ils se sont sacrifiés pour le collectif. Je leur tire mon chapeau.´

Lundi prochain contre la Tunisie, la Belgique devra mener le jeu. Ce n'est pas, d'habitude, une situation qui l'agrée...
`Peut-être. Mais qu'entend-on par faire le jeu ? À mes yeux, cela ne signifie pas attaquer bêtement et aveuglément. Nous sommes bien physiquement et bien mentalement. Il serait stupide de gâcher ces atouts en évoluant comme un poulet sans tête. Il ne faudra pas évoluer toutes voiles dehors. Dans mon chef, il ne sera pas question de manquer de respect à l'équipe tunisienne. Je connais Selimi, de Freiburg. C'est un excellent finisseur.´

Le contentieux entre la presse néerlandophone et Robert Waseige rend un peu lourde l'ambiance des retrouvailles quotidiennes. Qu'en pensez-vous?
`On a créé un climat artificiel, négatif, autour de l'équipe nationale. C'est typiquement belge. On est petit, on est laid. Si j'étais parti en Allemagne dans cet état d'esprit-là, je n'aurais jamais réussi à Schalke 04. Mon propos n'est pas de l'arrogance: c'est l'expression d'une confiance en soi.´