Eric Van Meir va se rayer du Livre des Records

SAITAMA Glen De Boeck, Eric Van Meir et Peter Van der Heyden ont débouché presque simultanément dans le long boyau qui, à Saitama, sert de mixed zone. Les trois Diables Rouges faisaient l'objet de fortunes diverses mais ils avaient réagi chacun selon son tempérament. Le visage d'Eric Van Meir ne trahissait aucune émotion. Peter Van der Heyden s'était adossé un bref instant au chambranle de la porte d'accès au long boyau pour expulser la félicité qui l'habitait.

Glen De Boeck s'était avancé de sa démarche un peu raide habituelle. Il souriait légèrement. Son regard franc portait au loin. Sa voix n'a pas tremblé quand il s'est expliqué, très simplement: `Je ne me sens pas en pleine possession de mes moyens. Disons que, ce mardi contre le Japon, je ne serais capable d'exprimer que quatre-vingts pour cent de mes possibilités. C'est insuffisant en général pour disputer un match de Coupe du Monde. Ce l'est plus encore dans mon chef. Je ne me sentais donc pas le droit d'assumer cette responsabilité et de faire courir un risque énorme à l'équipe entière. Ce n'est pas de gaieté de coeur que j'ai choisi de déclarer forfait. J'ai pris ma décision dans la douleur car elle pourrait me coûter ma Coupe du Monde mais je suis heureux d'avoir eu ce courage. J'ai agi par honnêteté.´

Eric Van Meir a égrené un long chapelet de journalistes avant de regagner le car des Diables Rouges. Il s'est, progressivement, libéré: `Pour l'instant, je ne ressens... rien car le match ne débute que dans vingt-quatre heures. Laissez-moi le temps de m'imprégner de cette probable titularisation. Dès que Robert Waseige m'a confirmé dans le groupe des vingt-trois, je me suis fixé un objectif personnel très... raisonnable: disputer au moins une minute de cette Coupe du Monde. Je n'avais vraiment aucune envie d'entrer peut-être dans le Livre des Records négatifs. Je ne voulais pas être ce joueur qui aurait vécu trois Coupes du Monde et un Euro sans jamais être monté au jeu. Aujourd'hui, je suis peut-être en passe d'entamer mon premier match. Et comme titulaire en plus! Un nouveau monde s'ouvre devant moi. C'est ma dernière chance de vivre une grande expérience sur le plan international. Je ne la laisserai pas filer.´

Plus expansif que ses deux équipiers, Peter Van der Heyden jubilait franchement: `Il y a quatre ans, j'évoluais encore à Denderleeuw et je regardais, en supporter, la Coupe du Monde à la télévision sans penser une seule seconde que j'allais participer moi aussi, comme acteur, à cet événement. Mais rassurez-vous: depuis que le coach m'a intégré dans le groupe, je me suis préparé à parer à tout moment à toute éventualité. Je ressens une pression, c'est vrai: mais elle est positive et donc saine. J'ai tout sous contrôle. Suis-je capable d'évoluer à ce niveau? La vérité du terrain le déterminera. Je jouerai mon jeu en cherchant à répondre tactiquement aux exigences du coach. Je ne décevrai pas...´

Une question se pose, toutefois: avec Jacky Peeters ou Eric Deflandre sur le flanc droit, la défense belge sera inédite. Faut-il qu'on s'en inquiète?

`C'est vrai: a priori, ce n'est pas un avantage, concède Eric Van Meir. Mais nous nous connaissons bien. Nous affichons également la même mentalité: nous sommes capables de nous surpasser. Ce qui comptera avant tout, c'est un bon coaching.´

Eric Van Meir a promis qu'il se fera violence: il excipera de son droit d'aînesse pour commander la ligne arrière des Diables.