Gert Verheyen a tiré les enseignements belges de l'Euro 2000

KUMAMOTO Gert Verheyen, vous êtes considéré comme un des sages du groupe des Diables Rouges. Pouvez-vous dresser un bilan de la première semaine de travail des Belges au Japon?

"Il est positif. Nous ne pourrons pas invoquer nos conditions d'hébergement pour excuser une éventuelle contre-performance sur le terrain. L'hôtel nous est exclusivement réservé. C'est un bon point. Cette intimité nous sied. La disposition des chambres la rend plus agréable encore. En France, nous étions répartis sur deux étages. Les chambres fuyaient vers l'extérieur. Ici, nous vivons tous au même niveau et les portes sont ouvertes en permanence. Nous nous sentons en famille. Enfin, le groupe est composé dans sa quasi totalité de joueurs calmes, pondérés, qui ont bien mûri et qui ne se comportent plus comme des individualistes comme cela a été le cas de certains pendant l' Euro. Nous avons vécu ensemble des moments difficiles et des instants de gloire. Cela soude. Je n'appréhende pas de gros problèmes de coexistence."

La compétition débute enfin. Quel est le plan de combat des Diables?

"Nous ambitionnons de remporter au moins 6 points sur 9. Il nous importe assez peu de déterminer quelles équipes nous devons battre. A l'extrême limite, je dirai même qu'une défaite contre le Japon, mardi prochain, n'hypothéquerait pas forcément notre avenir. C'est un des enseignements majeurs de l' Euro 2000 que nous avons bien intégrés: nous ne devons pas faire une fixation sur le match d'ouverture. Rappelez-vous la compétition d'il y a deux ans. Nous avions dominé la Suède dans le match d'ouverture. Nous étions tellement heureux d'avoir réussi notre début de parcours que nous nous étions peut-être relâchés inconsciemment. Nous avons laissé s'étioler notre sérénité. Nous avons perdu nos deux rencontres suivantes et nous avons été éliminés. Nous avons juré, cette fois, de prévenir cette mésaventure."

Le groupe a-t-il envie de se racheter de l'Euro 2000?

"Je n'aime pas parler de revanche. Dans le sport, ce terme recèle trop souvent une connotation un peu malsaine. Je préfère toujours positiver. Dire, par exemple, que notre ambition est immense de démontrer que nous composons réellement une bonne équipe. Personne, chez nous, surtout parmi les éléments qui se préparent à disputer sûrement leur dernière Coupe du Monde, n'a eu le privilège de vivre une carrière strictement linéaire, sans contretemps ni pépins plus ou moins sérieux. Ce Mondial en Asie constitue une occasion magnifique d'oublier définitivement ces mécomptes divers."

Quelles conséquences la chaleur attendue peut-elle exercer sur vous?

"Elle augmente sensiblement les pulsations. En Belgique, au repos, mon coeur bat à cinquante pulsations/minute. À Kumamoto, le rythme est de quatre-vingts pulsations/minute. En plein effort, il grimpe vite à 180. La récupération jouera donc un rôle essentiel. Il convient donc, d'abord, de bien dormir. Mais une bonne nuit ne suffira pas à nous rendre frais et dispos. Le sommeil n'est que la partie émergée d'un iceberg assez complexe."

Vous allez être confirmé comme attaquant contre le Japon. Qu'est-ce que cela implique pour vous?

"Rien de fondamentalement différent. En attaque, les temps de repos sont plus importants que sur le flanc droit où, en situation de perte de balle, on est contraint de défendre. Devant, quand le ballon ne louvoie pas dans la zone, on peut un peu souffler. À l'inverse, quand on a le ballon, il faut souvent donner trois ou quatre coups de coude pour se libérer du marquage adverse. Cela coûte de l'énergie..."