Le meilleur Belge de la préparation aborde le Mondial en toute sérénité. Comme toujours

KUMAMOTO Bart Goor, vous avez l'habitude d'être discret même si vous êtes devenu un pion majeur de l'équipe. Comment vous portez- vous à moins d'une semaine du premier match?
`Bien. J'étais un peu fatigué à la fin d'un championnat d'Allemagne très éprouvant, où nous avons raté de peu la qualification pour la Ligue des Champions. J'avais besoin de recharger mes batteries mais j'ai énormément apprécié la préparation qui s'est déroulée crescendo. Je pense avoir prouvé, comme mes équipiers, que j'étais prêt pour la compétition.´

Vous évoquiez le championnat d'Allemagne. Qu'avez-vous appris, cette saison, à Berlin?
`Qu'il était difficile de gagner le respect des gens en Bundesliga. J'ai dû cravacher pour y arriver et j'ai terminé la saison en force. Les entraînements étaient plus durs... à Anderlecht mais le rythme des matchs est bien plus élevé outre-Rhin. On n'a jamais d'espace pour contrôler la balle ou de moment creux pour récupérer. Le pressing est constant et il se prolonge jusqu'au gardien adverse.´

Avez-vous l'impression d'avoir changé grâce à votre expérience à l'étranger?
`Comme joueur pas tellement. J'évolue dans le même registre qu'au Parc Astrid, où la Ligue des Champions m'avait déjà permis de jauger mon niveau. Mais en tant qu'homme, certainement. Contrairement à ce que je craignais, j'ai beaucoup plus de liberté qu'en Belgique. J'habite à dix minutes du stade, je rentre chez moi le midi. J'ai moins de mises au vert qu'au Sporting, moins d'obligations. Cette saison, j'ai l'impression d'être devenu un père plus attentif!´

On a l'impression que vous vous sentez plus à l'aise que jamais en équipe nationale. La preuve, vous avez marqué en Grèce, contre la Slovaquie et dimanche, face au Costa Rica. Vous êtes, avec De Vlieger, le meilleur Diable de la préparation.
`Merci. Je crois que je profite surtout de la conjonction de plusieurs éléments. J'arrive à un âge, 29 ans, où un joueur est à maturité. J'ai acquis une belle expérience avec Anderlecht, Berlin et les Diables. Je joue dans ma position favorite et j'ai la chance de connaître Van Kerckhoven sur le bout des doigts. On évolue depuis trois ans ensemble chez les Diables, dans un système qui n'a pas changé. On se trouve les yeux fermés.´

Quelles sont vos ambitions pour cette Coupe du Monde?
`J'ai toujours été optimiste, parce que je savais que quand il faudrait y aller, on répondrait présent. On l'a prouvé à Paris, par exemple. Il n'y a pas de joueur de classe internationale dans le groupe mais tout le monde connaît sa valeur et sait que tout passe par le collectif. D'où une ligne de conduite à laquelle chacun se tient. Si on est tous en forme au même moment, on peut créer de belles surprises.´

Le couac de l'Euro 2000 est-il encore présent dans votre esprit?
`L'Euro 2000 ne fut un couac que dans les résultats, pas dans la manière. Je crois que contre la Turquie, on a appris beaucoup. On jouera plus intelligemment, cette fois. Le groupe me semble d'ailleurs plus mûr, plus sûr de lui.´

D'une manière plus générale, qui voyez-vous émerger dans cette Coupe du Monde?
`Selon moi, la France est encore la grande favorite de la compétition. Elle dispose d'un effectif formidable et incomparable. Et la clé de son succès, c'est que toutes ces vedettes arrivent à se mettre au service du collectif. Mais la blessure de Zidane peut être un élément déterminant car c'est l'âme de l'équipe.´