Lors du déjeuner précédant le match du stade de France, ce samedi soir, Jan Peeters le président de l'Union belge, nous disait, presque sans rire: `J'espère que nous ne nous imposerons pas ici. Il suffirait de cela pour qu'on pense que nous gagnerons la Coupe du Monde, et cela ferait un fameux stress supplémentaire.´

Le patron du football belge ne pensait sans doute pas la moitié de ce qu'il disait, mais il n'avait pas tout à fait tort. Et il ne pensait surtout pas que ce miracle pouvait arriver. Et pourtant... Le football est décidément une science bien inexacte et c'est pour cela qu'il est tellement beau. Rien n'est jamais gagné, rien n'est jamais perdu d'avance!

Oui, les Diables Rouges ont réussi l'impossible, mais le plus important, au-delà de la victoire, c'est que la dernière impression que nous aurons avant d'effectuer le voyage en Extrême Orient sera toute différente de ce que nous avions pu resentir après les quatre autres matches de préparation de nos représentants. Au moins, les Diables Rouges ne se présenteront pas au Japon avec le trouillomètre à zéro, mais sûrs de leurs possibilités. En modifiant profondément son équipe, tant en défense qu'en attaque, Robert Waseige avait posé un geste fort. Il démontrait qu'il n'était pas satisfait de ce qu'il avait vu jusque-là et, donc, que rien n'était encore acquis au niveau de la titularisation. Ce geste spectaculaire a payé. Nous n'avons jamais vu une défense belge aussi bien à son affaire depuis plusieurs mois, avec des arrières irréprochables sur le plan défensif qui osèrent, dans l'antre des champions du monde, ce qu'ils (ou leurs prédécesseurs) n'avaient jamais osé contre des adversaires infiniment moins prestigieux. Du coup, car un bonheur n'arrive jamais seul, l'entrejeu fut aussi une excellente surprise. Tous les médians disputèrent à peu près leur meilleur match sous le maillot rouge.

Alors, sans verser dans une euphorie qui ne pourrait être que dangereuse, et même en tenant compte que Zinedine Zidane n'était pas là (nous avons quand même quelques absents de marque aussi) retenons quand même trois choses importantes:1. L'équipe belge ne sera pas un oiseau pour le chat lors de la Coupe du Monde, et rien n'autorise à dire qu'elle ne fera que de la figuration au Japon. Elle a osé, hier, ce qu'elle n'osait plus depuis longtemps.2. Robert Waseige a probablement trouvé cette assise défensive qu'il cherchait depuis le retrait de Joos Valgaeren.3. L'ambiance de plus en plus désagréable que faisait peser le public sur le groupe est devenue de l'histoire ancienne.

Tout cela, au-delà de la victoire, valait bien le déplacement au stade de France...