Louis Michel a eu une (excellente) idée, son épouse l'a concrétisée, et Marc Wilmots a été fêté

JODOIGNE Tout n'était pas gagné d'avance! En cause? Divers agendas surchargés, un laps de temps fort court pour concrétiser une idée géniale et, donc, par définition, compliquée à réaliser, un secret qu'il fallait impérativement garder, une foule à canaliser, bref autant de défis à relever et qui le furent avec brio par Martine Michel, cheville ouvrière de la fête à Willie organisée, dimanche, à Jodoigne pour le retour au pays du capitaine de notre équipe nationale.

Deux mille cinq cents personnes s'étaient, pour l'occasion, fixé rendez-vous au Hall Baudouin 1er. Toutes ne purent pas prendre place dans cette enceinte omnisports, vaste pourtant et située, comme il se doit, à côté d'un terrain de football. L'initiative de ces retrouvailles festives entre Marc Wilmots et la ville de Jodoigne avait été prise par Louis Michel au lendemain de la victoire obtenue par les Diables Rouges sur la Russie. Le ministre belge des Affaires étrangères, qui est très lié à son concitoyen, chargea alors Martine, son épouse, d'esquisser la trame d'un scénario que celle-ci peaufina au fur et à mesure des nombreux contacts qu'elle noua avec les proches de Marc Wilmots, sa famille d'abord, ses amis ensuite.

Dommage que Preud'homme...

Les invitations furent lancées. Chacune d'elles offrait l'originalité de toucher à un pan bien précis de la vie et de la carrière du Hesbignon. Le père Marc, un ecclésiastique qui, entre deux leçons de catéchisme, initia Marc Wilmots au football, ne pouvait pas manquer ça . Il répondit présent. Tout comme Stef Agten, Karl- Heinz Wissmann et Guy Mangel- schots: que de chemin parcouru depuis ce transfert à Saint-Trond! Au fait: après, ce fut Malines. Cela tombe bien, voilà Philippe Albert, venu malheureusement sans Michel Preud'homme, empêché. La suite se déroula sur un mode identique avec, à la baguette, Rodrigo Beenkens, aussi à l'aise pour chauffer un public qu'il l'est pour commenter, en direct, une échappée cycliste.

Toutefois, l'intérêt de la présence de notre confrère, ce dimanche soir, à Jodoigne, ne se limita pas à sa faconde habituelle. Rodrigo Beekens avait, ainsi, souhaité ne pas se déplacer les mains vides. Deux cassettes, résumant, pour l'une, les buts les plus beaux et les plus importants inscrits par Marc Wilmots, pour l'autre les quatre goals qu'il marqua au Japon déchaînèrent autant les passions qu'elles n'avivèrent des regrets. D'une part à cause de la décision, toujours aussi incompréhensible, prise à Kobé par un arbitre jamaïcain: Dieu que ce coup de tête réussi contre le Brésil méritait un autre sort tant il était magnifique mais, surtout, dépourvu de toute irrégularité. Et puis, comment concevoir qu'après de telles prestations, le vestiaire des Diables Rouges ne résonnera plus, désormais, des coups de gueule de l'un de ses plus célèbres occupants?

Assurément, c'est impossible!

Et pourtant...

Marc Wilmots a décidé de ne plus se consacrer qu'à son club, le FC Schalke 04. Avant un retour en Belgique? Cette éventualité, suggérée par la présence avant-hier, à Jodoigne, de Louis Smal, l'un des administrateurs du Standard, fut carrément évoquée quand le public du Hall Baudouin 1er réclama, sur l'air des lampions, le retour du Hesbignon à Sclessin. On sait que la région compte un impressionnant contingent d'inconditionnels de l'équipe liégeoise. Cependant, aurait-on jamais pu imaginer que la soirée se fût achevée sur un tel plébiscite, avec un pourcentage de Oui! quasiment... stalinien? Marc Wilmots, alors, a souri. Sans plus. Certains silences, dit-on, sont plus porteurs que de longs discours. Une conclusion, encore, strictement personnelle: la popularité du Hesbignon doit autant à ses qualités professionnelles qu'à sa grandeur d'âme, ce mélange, quelque peu pittoresque, voire confus, d'exigence envers lui-même et de bonté vis-à-vis d'autrui. Martine et Louis Michel ont eu le bon goût de nous le rappeler: c'est bien!