Les Diables sont en vacances, leurs dirigeants pas encore. Pendant que Robert Waseige videra son bureau de la maison de verre, les dirigeants fédéraux régleront le problème de sa succession.

Quel est le portrait-robot du prochain coach fédéral?

Si l'on en croit le président fédéral - et il n'y a pas de raison de ne pas le croire - il n'y a que quatre obligations, mais qui, appliquées à la lettre, restreignent singulièrement le champ de recrutement. Il doit, en effet, être belge, diplômé du Heysel et libre de tout contrat avec un club. Avec un double plus qui sera également pris en considération: sa carrière de Diable Rouge et, déjà une belle expérience dans les clubs...

Laissons donc sur le côté la solution de l'étranger, pourtant intéressante. Stricto sensu, il n'y a que deux hommes, du moins parmi les possibles, qui répondent à ces exigences, René Vandereycken et Eric Gerets. Deux garçons très intelligents, bons entraîneurs, qui ne manquent pas d'arguments. Quels sont leurs moins? Pour René Vandereycken, un caractère loin d'être facile, qui lui valut quelques remerciements avant la fin de ses contrats et, comme joueur, de quitter prématurément le Mexique en 86 pour cause officielle de blessure, mais surtout de mésentente avec Vercauteren. Quand on voit la difficulté de communication qui existe, à ce poste, il y a de quoi se poser des questions.

Eric Gerets reste le favori, malgré deux bémols qui jouent en sa défaveur: on le dit hors prix pour une fédération comme la Belgique et, au Comité exécutif, il en est qui ne trouvent pas approprié de prendre comme coach national un joueur qui, jadis, avait joué un rôle important dans l'affaire Standard - Waterschei.

On devrait pouvoir y ajouter le nom de Jean-François de Sart, qui fait de l'excellent travail avec les équipes d'âge, mais l'Union Belge ne prendra pas deux fois de suite un Liégeois - même si lui et Robert Waseige ont très peu de choses en commun - et JF manque d'expérience au niveau des clubs. Et, à peu de choses près, le raisonnement est également valable pour Michel Preud'homme.

En fait, le portrait robot du sélectionneur idéal ressemble à celui de Guy Thys, puisque c'est, de loin, celui qui a le mieux réussi: quinze ans de service, cinq qualifications pour le Mondial et l'Euro, une médaille d'argent, une quatrième place. Guy Thys avait 55 ans quand il a pris l'équipe nationale en mains. On considère, à la fédération, que c'est l'âge idéal, Walter Meeuws et Georges Leekens ayant surtout été victimes de leur jeune âge relatif. Guy Thys n'était pas diplômé du Heysel, mais, au-delà de ses qualités tactiques, ce sont ses dons d'humaniste et de diplomate et une sacrée carapace le rendant insensible à toute critique, qui en ont fait le coach de rêve. Celui qui, dans le genre, lui ressemble le plus, est Aimé Anthuenis, passé sans encombre à travers toutes les critiques et même un putsch fomenté de l'intérieur. Seulement, voilà, il est sous contrat et Alain Courtois nous disait, il y a deux jours, qu'il n'était pas question de le libérer. Ceci dit, un bruit persistant court au parc Astrid, comme quoi les dirigeants mauves, contrairement au discours officiel, ne seraient pas, finalement, opposés au départ de leur entraîneur, pour pouvoir précisément engager Gerets.

Toute la question est en fait de savoir ce que l'on considère comme un entraîneur sous contrat. Il est évident que, dans l'absolu, Hugo Broos est le premier choix de la fédération, et sans doute le meilleur dans l'absolu, car il y a un consensus national à son égard, mais après l'affaire Leekens, ils y regarderont à deux et même à trois fois avant de faire leurs emplettes à Mouscron. En attendant, Hugo insiste sur la clause qui lui permet de se dégager sans difficulté de son contrat. Est-ce un signe? Nous avons très nettement l'impression que l'homme qui tient en mains les clés du mystère s'appelle Jean-Pierre Detremmerie. En d'autres termes, malgré la clause, les dirigeants fédéraux ne prendront Hugo Broos - certainement leur rêve, dans l'absolu - qu'avec la bénédiction du PDG mouscronnois... Et là, ce n'est pas gagné car, dans son dernier édito dans le journal du club, le président écrit: `J'ai une confiance aveugle en Hugo Broos, et je suis sûr qu'il sera encore mouscronnois la saison prochaine. Parce qu'il y a des hommes pour qui la parole donnée a une valeur.´

© Les Sports 2002