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1994
Entre exploits et moments de douleur
En offrant aux USA l’organisation de cette quinzième Coupe du Monde, la FIFA ne fait aucun mystère de ses intentions: elle veut, enfin, conquérir l’énorme marché nord-américain. Le défi n’est pas mince mais dans ce pays où il a toujours été considéré comme un sport marginal, le Soccer va pourtant connaître la plus grande affluence de son histoire, réunissant en tout 3.567.415 spectateurs. Ou l’art des Américains de vendre un produit, quel qu’il soit... Il faut dire que, dès le premier tour, les images fortes ne manquent pas. A 42 ans, contre la Russie, Roger Milla devient ainsi le plus vieux buteur de l’histoire de la Coupe du Monde. L’exploit du vétéran des Lions indomptable ne suffit cependant pas. Ne bénéficiant plus de l’effet de surprise, déchiré par des querelles internes, le Cameroun ne prend qu’un point sur neuf lors du premier tour.Toujours lors de ce match entre le Cameroun et la Russie, on assiste à un autre record: Oleg Salenko inscrit cinq buts en nonante minutes. Les Soviétiques s’imposent 6-1 mais doivent, eux aussi, quitter le tournoi après les trois rencontres de poule. A Boston, contre le Nigeria, Diego Maradona entame son 21e match en phase finale de Coupe du Monde, égalant ainsi le record de Seeler et de Zmuda. Au sortir des vestiaires, El Pibe de Oro est contrôlé positif à l’éphédrine. Il écope de 16 mois de suspension. Et sa descente aux enfers ne fait que commencer.Mais il est une autre image, plus sombre encore, qui secoue la World Cup. Le 2 juillet, Andres Escobar est assassiné à la sortie d’un restaurant de Medellin. Dix jours plus tôt, le défenseur colombien avait inscrit un but contre son camp, qui éliminait son équipe de la compétition... C’est ainsi, entre exploits et moments de douleurs, que se déroulera toute cette Coupe du Monde. Exploits de Hristo Stoïchkov et de son compère Iordan Letchkov, pour venir à bout de l’Allemagne, tenante du titre, en quart de finale. Avec un total de six buts, le gaucher bulgare deviendra le meilleur réalisateur du tournoi, à égalité avec le Russe Salenko. Exploits de Romario et de Bebeto, stars parmi les stars que sont leurs équipiers Leonardo, Marcio Santos, Aldaïr, Dunga et autres Raï et Mauro Silva, pour propulser la Seleçao jusqu’en finale. Exploits répétés de Roberto Baggio, décisif contre le Nigeria, contre l’Espagne, puis contre la Bulgarie, pour donner à l’Italie le droit de disputer, elle aussi, l’apothéose du Rose Bowl de Pasadena. Mais cette quatorzième Coupe du Monde se clôt sur un nouvel instant de douleur. Héros de tout son peuple durant les quatre premiers tours, Roberto Baggio manque son essai lors de la cruelle séance de tirs aux but. Franco Baresi et Daniele Massaro échouent également. La Squadra Azzurra est battue, sans s’être inclinée. Le Brésil, lui, remporte sa quatrième Coupe du Monde. Et panse les plaies d’un pays qui pleure toujours la mort d’Ayrton Senna...
Après vingt-quatre ans de disette
Romario de Souza Faria a une histoire comme on les aime chez les Cariocas. Il est né dans les bas quartiers de Rio, dans une famille plutôt modeste. Il a appris le football dans la rue et sur les plages du Brésil. Il s’est épanoui à 22 ans, sous le maillot du PSV. Il s’est affirmé à Barcelone, aux côtés de Stoïchkov et de Ronald Koeman. Il a été ignoré par son sélectionneur, lors du Mondiale 90. Il est devenu un héros, trois ans plus tard, en propulsant la Seleçao vers sa quinzième phase finale consécutive. Au cours de celle-ci, Romario inscrit cinq buts: il offre au Brésil son quatrième sacre mondial. Vingt-quatre ans après Pelé...
Par la toute, toute petite porte
Un joueur de sa trempe aurait dû quitter le devant de la scène par une porte à la mesure de son talent. Hélas! aux USA, Diego Maradona loupe complètement sa sortie. Deux matches pleins de promesses, contre la Grèce et le Nigeria, et puis, l’affaire: un contrôle positif à l’éphédrine. Seize mois de suspension et au moins autant de questions: pourquoi, comment El Pibe de Oro a-t-il pu tomber si bas? Maradona nie, évidemment, il clame sa colère “contre ceux qui lui ont enlevé sa joie et celle des gens qui l’aimaient”. En vain: l’image de ce fantastique joueur est définitivement ternie. Et ce ne seront pas ses multiples tentatives de retour, suivies d’autant d’adieux manqués qui arrangeront les choses.
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Finale
Brésil 3-2 Italie au pénalty (0-0 pendant les 120 minutes) à Los Angeles (Etats-Unis)
Brésil: Taffarel, Jorginho (21e Cafu), Aldaïr, Marcio Santos, Branco, Mazinho, Mauro Silva, Dunga, Zinho (106e Viola), Romario , Bebeto.
Italie: Pagliuca, Mussi (34e Apolloni), Baresi, Maldini, Benarrivo, Berti, Albertini, D. Baggio (95e Evani), Donadoni, R. Baggio, Massaro.
Avertissements: Mazinho, Cafu, Apolloni, Albertini Arbitre: M. Puhl (Hon) Assistance: 94.194
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