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1978
Les gauchos prophètes en leur pays
C’est dans une atmosphère nerveuse, presque malsaine que s’ouvre la dixième phase finale de la Coupe du Monde. L’Argentine, pays organisateur, est en effet dirigée d’une main de fer par le général Videla. Un régime dictatorial qui, évidemment, fait plutôt mauvais genre lorsqu’on accueille un événement comme le Mundial... La compétition se déroule pourtant sans heurt. Comme si, respectueux de cette grande fête du sport, les opposants au régime en place avaient décrété une trêve. Surprise par l’Italie dans son stade de Buenos Aires, l’Argentine se qualifie par la petite porte pour le tour suivant. Elle n’est pas la seule des équipes favorites à passer tout près d’une élimination précoce. L’Allemagne subit ainsi la loi de la Pologne dans son groupe, concédant au passage un match nul face à la Tunisie. Le Brésil termine également second de sa poule, derrière une étonnante et talentueuse formation autrichienne. Enfin les Pays-Bas, battus par l’Ecosse, ne doivent qu’au match nul arraché par l’Iran contre ces mêmes Ecossais de ne pas déjà devoir plier bagages. Sans Cruyff mais avec Jongbloed, Krol, Haan, Neeskens, Jansen, Van de Kerkhof et Rensenbrink, tous présents il y a quatre ans, les Bataves se reprennent au tour suivant. Vainqueurs faciles de l’Autriche (5-1), plus solides qu’à Munich l’Allemagne (2-2), ils viennent ensuite à bout de l’Italie (2-1), grâce à des buts de Brandts et de Haan. Contrairement à la Mannschaft, les Pays-Bas sont donc assurés de faire au moins aussi bien qu’en 1974. L’autre poule voit émerger le pays hôte, mais non sans mal. Sauvés par Mario Kempes contre la Pologne, les Gauchos concèdent un piètre nul contre le Brésil, avec lesquels ils partagent finalement la tête du groupe. L’Argentine ne se qualifie que par la grâce d’une meilleure différence de but. Lors de son troisième match, elle bat un Pérou étonnamment apathique sur la marque de 6-0... Il faut dire que, durant les heures qui ont précédé la rencontre, les Gauchos se sont livrés à un véritable matraquage psychologique à l’encontre des Péruviens. Le gardien de ces derniers, Argentin d’origine, est surtout la victime de la presse locale, qui n’hésite pas à le traiter de traîte. On comprend mieux sa fébrilité lors de ce match décisif. La finale est marquée par un terrible engagement de la part des deux équipes... et par un Mario Kempes exceptionnel. Auteur de deux buts contre la Pologne comme contre le Pérou, Le Matador récidive contre les Oranje. Ouvrant le score dès la 38e, il redonne l’avantage à ses couleurs à la 105e, après l’égalisation de Nanninga (82e), et fait ainsi basculer un match qui a longtemps hésité à choisir son camp. Le but de Bertoni, à la 116e, est la cerise sur le g‚teau du triomphe argentin. Pour la cinquième fois de son histoire, la Coupe du Monde s’offre à son pays hôte. Pour la seconde fois d’affilée, les Pays-Bas échouent aux portes de la gloire.
Mario Kemps, le Matador
Mario Kempes a tout pour devenir le premier héros du football argentin. Une histoire, tout d’abord: issu des milieux pauvres de Cordoba, Kempes a appris le football dans la rue, en frappant dans des balles de caoutchouc. Le physique, ensuite: accusant 185 centimètres sous la toise et plus de 80 sur la balance, le beau Mario est le véritable symbole d’un peuple argentin qui attend fébrilement “son” Mundial. Le talent, enfin: meilleur buteur en Argentine de 74 à 76, roi des réalisateurs du championnat d’Espagne l’année suivante, il coiffe le même titre lors du Mundial 78. En plus, bien sûr, de celui de Champion du Monde...
La première de l’Afrique
2 juin 1978: une date qui entre dans l’histoire du football africain. Contre le Mexique, Kaabi, Ghommidh et Dhouieb inscrivent en effet les trois buts de la première victoire africaine en phase finale de Coupe du Monde (3-1). Les Tunisiens, quatrième équipe à représenter leur continent à ce niveau après l’Égypte (en 1934), le Maroc (1970) et le Zaïre (1974), ne se satisfont pas de ce coup d’éclat. Quatre jours plus tard, ils offrent une solide réplique à la Pologne et ne s’inclinent (1-0) qu’après un but de Lato. Le 10 juin, ils forgent un nouvel exploit retentissant, contraignant l’Allemagne de l’Ouest, championne du monde en titre, au nul blanc. Quittant le sol argentin avec les honneurs, la Tunisie permettra surtout à l’Afrique de doubler son nombre de représentants à partir du prochain Mondial.
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Finale
Argentine 3-1 Pays-Bas à Buenos Aires (Argentine)
Argentine: Fillol, Olguin, L. Galvan, Passarella, Tarantini, Ardiles (65e Larrossa), Gallego, Kempes, Bertoni, Luque, Ortiz (74e Houseman).
Pays-Bas: Jongbloed, Jansen (72e Suurbier), Brandts, Krol, Poortvliet, Haan, Neeskens, W. Van de Kerkhof, R. Van de Kerkhof, Rep (59e Nanninga), Rensenbrink.
Les buts: 38e Kempes (1-0), 81e Nanninga (1-1), 105e Kempes (2-1), 114e Bertoni (3-1). Avertissements: Krol, Poortvliet. Arbitre: M. Gonella (Italie). Assistance: 77.260.
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