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1974
Et Beckenbauer devient le Kaiser
Haan, Krol, Neeskens, Rensenbrink, Cruyff... Tant de stars, tant de rois qui quittent le sol allemand sans la couronne qui leur semblait promise. Au soir du 7 juillet, à Munich, les Pays-Bas viennent en effet de s’incliner devant l’Allemagne, sur le score de 2-1. A l’image de Johan Cruyff, leur figure de proue, ils viennent de passer à côté du seul match qu’il leur était interdit de manquer. Au départ de ce neuvième Mondial, les Bataves ne sont pourtant pas désignés comme les favoris de l’épreuve. C’est à la RFA, organisatrice de l’événement, que revient en effet ce titre théorique. Au fil des matches, cependant, la Mannschaft va perdre ce statut. En cause, tout d’abord, son pénible premier tour. Difficiles vainqueurs du Chili, Franz Beckenbauer et ses équipiers subissent surtout, à cette occasion, une défaite - historique - contre l’Allemagne de l’Est. Mais c’est surtout le jeu pratiqué par les Néerlandais qui fait perdre aux Teutons leur étiquette de favoris. Fins techniciens, enthousiastes, efficaces, les Oranje recueillent peu à peu la sympathie du public local. Au second tour, malgré les difficultés rencontrées pour venir à bout d’une RDA survoltée et d’un Brésil en net déclin, les Pays-Bas terminent largement en tête de leur poule, inscrivant huit buts et n’en encaissant aucun. Contre l’Argentine, surtout, ils offrent aux 20.000 supporters néerlandais venus les encourager un véritable récital de football en mouvement. A l’issue de ce match, qu’ils remportent 4-0, on se demande qui pourrait leur barrer la route de la victoire finale. Dans l’autre groupe, cependant, l’Allemagne trouve lentement son rythme de croisière. S’appuyant sur l’ossature du Bayern Munich, sacré champion d’Europe quelques semaines plus tôt (six joueurs bavarois disputeront la finale), la Mannschaft tient à confirmer que son titre de Championne d’Europe des Nations, acquis deux ans plus tôt, n’était pas le fruit du hasard. Contre la Yougoslavie, elle se reforge un moral (2-0). Sous des trombres d’eau, elle vient ensuite à bout de la Suède, au bout d’un match épique (4-2). Elle dicte enfin sa loi à une Pologne particulièrement accrocheuse, sur un terrain inondé, à la limite du praticable. Elle décroche donc le second ticket pour la finale, offrant à son capitaine Franz Beckenbauer le droit de contester à Johan Cruyff le titre de meilleur joueur de la planète. Lors de la finale tant attendue, c’est le Batave qui marque le premier point. Dès la 1e minute, Cruyff transperce la défense germanique et est arrêté fautivement par Berti Vogts dans le rectangle. Neeskens transforme le coup de réparation, ouvrant ainsi aux Oranje une voie royale vers le titre. Du moins le croit-il. A la 25e, en effet, Breitner rétablit l’égalité, avant que l’incontournable Gerd Müller ne mette un terme aux rêves de conquête des Bataves, juste avant la pause (43e). Après son coup d’éclat de la première minute, Johan Cruyff s’est éteint progressivement. Franz Beckenbauer, lui, a rayonné sur le jeu allemand durant toute la rencontre: le Kaiser coiffe sa première couronne.
Les temps changent
Désormais privé de son roi Pelé, ce Brésil qui enthousiasmait encore les foules il y a quatre ans, ne montre qu’un bien pâle visage lors du Mondial allemand. Incapables de dicter leur loi à l’Écosse et à la Yougoslavie, les Cariocas affichent surtout leurs faiblesses au deuxième tour, lorsqu’ils subissent la loi des Pays-Bas. Mais, sur le sol allemand, les triples champions du monde ne perdent pas que leur sceptre: ils abandonnent aussi leur réputation. Oublié, le football champagne de la génération Pelé: Jaïrzinho et ses équipiers pratiquent désormais un jeu dur et physique qui ne colle pas du tout à leur image. Les temps changent...
Entre Cruyff ou Beckenbauer, les coeurs balancent
S’il ne fallait en choisir qu’un, lequel serait-ce? Johan Cruyff, organisateur et buteur de la séduisante équipe néerlandaise? Ou Franz Beckenbauer, libero et créateur de la solide formation allemande? Sur base des seuls critères sportifs, le défenseur du Bayern prend un avantage décisif sur le Batave lors de cette neuvième Coupe du Monde. Mais sur leurs qualités intrinsèques, abstraction faite de leur énorme palmarès respectif, dieu qu’il est difficile de départager ces deux joueurs d’exception...
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Finale
Allemagne 2-1 Pays-Bas à Munich (Allemagne)
Allemagne: Maier, Vogts, Schwarzenbeck, Beckenbauer, Breitner, Hoeness, Bonhof, Overath, Grabowski, Müller, Hölzenbein.
Pays-Bas: Jongbloed, Suurbier, Rijsbergen (68e De Jong), Haan, Krol, Jansen, Van Hanegem, Neeskens, Rep, Cruyff, Rensenbrink (46e Van de Kerkhof).
Les buts: 1e Neeskens sur pen. (0-1), 25e Breitner sur pen. (1-1), 43e Müller (2-1). Avertissements: Vogts, Van Hanegem, Neeskens, Cruyff. Arbitre: M. Taylor (G-B). Assistance: 79. 000.
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