Le résultat d'une compétition politique entre les deux voisins
PARIS La décision surprise et inédite d'accorder à deux pays, la Corée du Sud et le Japon, l'organisation conjointe de la Coupe du Monde 2002 avait mis fin en 1996 à une compétition très politique entre ces voisins aux rapports passionnels. Cette solution, prônée par le président de l'Union européenne de football (Uefa), Lennart Johansson, également président du comité d'organisation, et annoncée par Joao Havelange, alors président de la Fédération internationale de football (Fifa), le 31 mai 1996 à la surprise générale, constituait une troisième voie dont le but était de ménager la susceptibilité de ces candidats aux dossiers équivalents.
Projet de... 1989!
En novembre 1989, le Japon est le premier à poser sa candidature, Havelange ayant annoncé que le Mondial se tiendrait en Asie en 2002, pour la première fois de son histoire. Une candidature suivie un mois après par celle de la Corée du Sud. Dès lors, l'attribution de la phase finale prend un tour politique, les deux concurrents étant séparés par un fossé bien plus profond que la seule mer du Japon. En Corée, les blessures causées par 35 ans d'occupation nippone (1910-45) n'ont toujours pas cicatrisé.
Barrer la route au Japon
A tel point que certains responsables estiment alors que la candidature coréenne est principalement motivée par la perspective de barrer la route au Japon. Les deux nations abordent différemment la course au Mondial. Le Japon met en avant ses capacités d'accueil et ses énormes moyens de financement. Aucune campagne publique d'envergure n'est organisée mais les efforts de promotion vers l'étranger sont estimés à plus de 46 millions de dollars (51 millions d'euros).
En Corée du Sud, le Mondial mobilise la population et envahit télévision et journaux. Les Coréens s'enorgueillissent de leurs quatre participations à une phase finale, loin devant les Japonais (leur première date de 1998). Pourtant, comme le propose Johansson, la Corée se déclare prête à coorganiser l'épreuve avec son voisin, ce que le Japon refuse tout d'abord. La presse nippone explique ce refus par le fait que l'empereur Akihito serait obligé de se rendre à Séoul, ce qui n'est pas arrivé à un souverain japonais depuis 1945.
Le 31 mai 1996, coup de théâtre. Alors que la décision était attendue pour le lendemain, Havelange annonce que le principe de coorganisation a été retenu pour `respecter le travail des deux candidats´. Ces derniers semblent faire contre mauvaise fortune bon coeur. `Il faut se plier à la volonté de la Fifa´, clament-ils. Cette troisième voie fait d'abord craindre des difficultés insurmontables: casse-tête des déplacements entre les deux nations, différence du niveau de vie...
De réunions en groupes de travail, les comités d'organisation japonais (Jawoc) et coréen (Kowoc) semblent pourtant progressivement surmonter tous les problèmes, les deux pays se partageant notamment les rencontres (ouverture à Séoul, finale à Yokohama, changement de site entre le premier tour et la suite du tournoi).
Il est vrai que la Belgique et les Pays-Bas, lors de l' Euro 2000, avaient démontré que les associations pouvaient bien fonctionner!
Vandenbergh Philippe