Qui peut dompter ces Lions ? (12/06/2002)
Leur nul contre l’Uruguay mardi (3-3), synonyme d’épatante qualification pour les huitièmes de finale du où ils rencontreront les Suédois, a montré que les Sénégalais ne devaient avoir peur de personne si ce n’est d’eux-mêmes. Epoustouflants contre la France (1-0), solides et vifs en seconde période face aux Danois (1-1), d’abord brillants mardi pour mener 3 à 0 à la pause, ils ont sombré dans les 45 dernières minutes au point de mettre en danger ce qu’ils avaient bâti. «On sait attaquer mais pas attendre l’adversaire. Cela montre qu’il ne faut pas changer ce qu’on a fait jusqu’à maintenant. Cela nous servira de leçon», promet Ferdinand Coly. «Notre jeu, ce n’est pas balancer devant comme ça. On a eu peur», renchérit Alassane Ndour.

Libérée, cette équipe peut faire vaciller les meilleurs. En première période, les Sénégalais ont humilié les Uruguayens techniquement, tactiquement et surtout physiquement, là où on ne les attendait pas. «On ne sait pas jusqu’où on peut aller. On est capable de tout, de grandes choses mais aussi du moins bon», reconnaît Coly.

Les matches de poules ont laissé des traces. Après trois rencontres qui furent autant de combats physiques, «des petites blessures apparaissent», reconnaît Ferdinand Coly qui souffre d’un genou.

L’âme du jeu sénégalais, Khalilou Fadiga manquera le prochain match pour un second carton jaune et le puissant milieu Salif Diao pourrait rester encore sur le banc pour prix de son exclusion contre le Danemark.

Comme l’a montré la panique en défense après la sortie de Coly mardi, le sélectionneur Bruno Metsu ne dispose pas d’un banc aussi complet que les équipes supposées plus puissantes même si les bons matches d’Henri Camara et Alassane Ndour nuancent ce constat. «Qu’on continue à nous prendre pour une petite équipe. Le fait d’être favori ne nous va pas bien», souhaite Alassane Ndour qui devrait être exaucé. Mais les Sénégalais ne disposeront plus d’effet de surprise. Leur(s) futur(s) adversaires(s) se méfieront. «Etre surpris par une équipe, c’est une faute professionnelle. Avec la vidéo tout le monde sait tout sur tout le monde», reconnaît Bruno Metsu. Si la France a été piégée, Sven Goran Eriksson, le méticuleux sélectionneur de l’Angleterre, possible futur adversaire des Lions, n’est pas homme à commettre de telles «fautes».

Mais les Lions ont largement atteint leur objectif et vont «jouer le huitième comme le reste de la compétition, sans pression», selon Coly. «Pour nous, c’est du bonus. Arrivera ce qui arrivera», poursuit-il.

«L’équipe d’Angleterre est très forte», constate un des journalistes anglais venus mardi interroger les Sénégalais. «Oui, c’est une très bonne équipe», répond Coly. «Et après leur victoire contre l’Argentine, les Anglais sont en pleine confiance», insiste le journaliste. «Le Sénégal aussi», rétorque le joueur. Avec de la confiance, le Sénégal peut déplacer des montagnes.