Brésil (Groupe C)
Le Brésil élimine l'Angleterre (21/06/2002)
Le Brésil a gagné son ticket pour les ½ finale de la Coupe du monde en battant assez logiquement une équipe d’Angleterre qui est passée la plupart du temps à côté de son sujet (2-1). Plus faibles physiquement et moins imaginatifs, les Anglais n’ont pas pu renverser la situation d’un match au cours duquel ils avaient pourtant pris l’avance. Owen avait ouvert la marque dès la 23e mais Rivaldo égalisait en fin de première période. Dès le début de la seconde période, Ronaldinho faisait 2-1 sur un superbe coup-franc. Quelques minutes plus tard, ce buteur était exclu pour un coup de pied volontaire. A 11 contre 10, l’Angleterre n’allait pas trouver la solution se créant même très peu d’occasions. Les deux gardiens ont été les joueurs ayant eu le moins de travail. C’est tout dire....
1er PERIODE
Au coup d’envoi, le stade Ecopa de Shizuoka ressemblait plus à Wembley qu’au Maracana, les supporters anglais chantant et applaudissant sans retenue.
Malgré un corner dès la première minute, l’Angleterre restait prudente face à un Brésil placé haut. Les Anglais étaient bien regroupés dans l’axe et bloquaient les couloirs, le droit de Cafu-Ronaldinho, et le gauche de Roberto Carlos-Rivaldo.
La prudence prévalait, et les tirs étaient rares, souvent lointains ou écrasés, comme ceux de Rivaldo (6e min) ou Scholes (12), même si Roberto Carlos, sur coup franc détourné, apportait le danger (14).
Il était imité par Ronaldo (19) sur un contre mené avec Rivaldo. Mais c’est un autre Ballon d’or, anglais celui-là, qui ouvrait la marque. A la 23e, Heskey délivrait une grande balle en profondeur dans l’axe, qui rebondissait sur le genou droit de Lucio, pris dans le dos devant sa surface alors qu’il se repliait pour barrer la route à Owen.
Celui-ci récupérait le ballon et trompait Marcos d’une balle piquée, provoquant l’exultation du virage anglais (1-0).
Malgré une tentative à bout portant de Ronaldo (27), l’Angleterre, bien organisée et efficace à la récupération, tenait bon, allumant quelques mèches en contre. Face aux assauts brésiliens, dix Anglais, Heskey excepté, étaient parfois dans leur surface. Dès lors on était bien loin de l’affiche promise rien que par les noms ronflant des deux équipes présentes sur le terrain. Le jeu était trop tactique pour enflammer le stade.
Pourtant, le Brésil égalisait sur un but formidablement amené: Ronaldinho s’embarquait dans l’axe, attirait la défense, passements de jambe à l’appui, et passait de l’extérieur droit à Rivaldo, démarqué dans la surface, dont le tir croisé était imparable (45+2).
2e PERIODE
Ronaldinho avait brillé en fin de première mi-temps, il récidivait à la reprise. A la 50e, le Brésil obtenait un coup franc des 30 mètres à droite pour une faute de Scholes. Alors que tous attendaient massés dans la surface, le milieu du PSG tirait le coup franc en le lobant directement dans la lucarne opposée de Seaman (2-1)!
Pourtant, de la lumière, Ronaldinho passait à l’ombre: le meilleur joueur de la partie était exclu à la 57e pour une semelle apparemment non intentionnelle sur la cheville de Danny Mills. Le Brésil devait jouer plus d’une demi-heure à dix.
Les Anglais, gourmands, étaient alors pressés de revenir, à l’image de Beckham qui réclamait un penalty pour une faute peu évidente de Gilberto Silva (63), et entamaient le siège de la cage de Marcos.
Le Brésil, lui, même à dix, ne voulait pas jouer contre-nature et défendre: Ronaldo était ainsi remplacé à la 70e par une autre flèche de l’attaque, Edilson.
Côté anglais, Eriksson voulait transformer son avantage numérique, et remplaçait Owen par Vassell poste pour poste, et un défenseur, Ashley Cole, par un troisième attaquant, Teddy Sheringham (79 et 80).
Le jeu anglais devenait désordonné et le Brésil ne lâchait pas, malgré un ultime corner de Beckham. Sous le soleil voilé de cette fin d’après-midi, la Seleçao se qualifiait pour les demi-finales (2-1), qui l’opposeront mercredi au vainqueur de Sénégal-Turquie, et devenait du même coup favorite du Mondial pour, peut-être, une cinquième couronne.
Luiz Felipe Scolari (entraîneur du Brésil): "Vous n'avez encore rien vu. Je ressens du bonheur. C'est du travail bien fait qui nous permet d'offrir quelque chose au peuple brésilien. Personnellement, je ressens une grande satisfaction. Ma seule pensée (avant le match, ndlr) était: rester vivant, ne pas mourir. C'est ce que j'ai dit aux joueurs avant le match."
Sven-Goran Eriksson (sélectionneur de l'Angleterre), sur la BBC: "Je pense que nous avons bien joué mais nous aurions pu faire un peu mieux à onze contre dix. C'est dommage d'avoir été rejoint à 1-1 à la dernière minute de la première période. Ensuite le Brésil a très bien conservé le ballon. Nous n'arrivions pas à garder la balle. Ils avaient sept ou huit joueurs autour du ballon et ils étaient meilleurs pour le conserver. Je pense que nous avons beaucoup appris. Nous avons beaucoup de jeunes dans cette équipe et ils seront meilleurs dans deux ans (pour l'Euro 2004 au Portugal, ndlr)."
Ronaldo (attaquant brésilien): «Je crois que le Brésil s’est imposé parce qu’il a désarticulé le jeu anglais au milieu du terrain. Ils ont une grande équipe mais dans la dernière demi-heure nous avons eu des espaces pour diriger le jeu. Nous devons maintenant nous reposer. Nous ne savons pas encore quel sera notre adversaire en demi-finale et pour cette raison nous ne pouvons penser déjà à la finale. J’ai ressenti une douleur musculaire que j’attribue à la fatigue (il a été remplacé par Edilson à la 70e minute). La défense anglaise a très bien joué, laissant peu d’espaces. C’était très difficile de se trouver avec Ronaldinho et Rivaldo. J’ai essayé de reculer pour aller chercher des ballons. Comme je l’ai déjà dit, je ne vise pas le titre de meilleur buteur mais celui de champion du monde».
Rivaldo (attaquant brésilien): «Nous avons su passer outre toutes les difficultés qui se sont présentées à nous. Nous avons été capables de remonter un but de retard devant une très bonne équipe. Nous avons pratiquement joué toute la seconde période avec un homme en moins mais pourtant nous avons gagné. Cela ne nous donne que davantage de confiance pour la suite. (Sur le fait de rejoindre son coéquipier Ronaldo en tête du classement des buteurs avec l’Allemand Miroslav Klose) Dans le fond cela ne m’intéresse pas. C’est super de marquer, mais je ne pense pas à ça. Car nous visons tous la même chose, gagner et être champions du monde. Chaque victoire est importante, mais elle l’est davantage contre un adversaire du niveau de l’Angleterre, de surcroît pour une place en demi-finale de Coupe du monde. Nous devons rester concentrés jusqu’à la finale. Nous devons prouver sur le terrain que nous sommes bien les favoris».