Slovénie (Groupe B)
Un dernier match pour l'honneur (11/06/2002)
Srecko, le prénom de Katanec, signifie «le veinard» en traduction littérale et le jeune (38 ans) sélectionneur de la Slovénie paraissait protégé par cette prédestination jusqu’à ce que les mauvaises fées viennent s’en mêler au Mondial-2002 de football.
Né à Ljublajana à l’époque où la Slovénie était encore membre de la fédération de Yougoslavie, sa carrière de joueur démarre vraiment par le Dynamo Zagreb puis le Partizan Belgrade, les deux grands clubs du moment.
Rugueux milieu défensif, il est repéré par les recruteurs occidentaux. Il s’expatrie au VfB Stuttgart, en ex-RFA, puis en Italie, à la Sampdoria Gênes, où il meuble son palmarès: Coupe des Coupes en 1990, Championnat d’Italie en 1991 puis Coupe en 1994.
Avec deux maillots d’international à la clé, yougoslave puis slovène après l’accession de son pays en l’indépendance en 1992.
A peine les crampons raccrochés et avec un minimum d’expérience d’entraîneur, il prend en 1998 les rênes de la sélection nationale, perdue alors dans les profondeurs du classement européen. Il la qualifie pour l’Euro-2000 où la fraîcheur de l’équipe séduit même si elle ne peut passer le premier tour.
Dans la foulée, Katanec et les siens gagnent leur billet pour le premier Mondial de la Slovénie, dix ans seulement après son avènement comme Etat.
Une trajectoire tellement tendue que d’aucuns faisaient déjà de ce petit pays de deux millions d’habitants, enclavé sur 20.000 kilomètres-carrés entre Italie, Autriche, Hongrie et Croatie, un outsider du premier Mondial asiatique.
La déception est aujourd’hui à la mesure de l’espoir.
Le ciel est tombé sur la tête de Srecko le veinard le 8 juin à l’issue d’une défaite (1-0) contre l’Afrique du Sud synonyme d’élimination prématurée pour la Slovénie.
Ses malheurs et ceux de son équipe avaient débuté le 2 juin par un échec (3-1) face à l’Espagne, sans doute la meilleure sélection du premier tour. Rien de honteux a priori mais un incident allait, sans doute, accélérer la chute.
A la 62e minute, alors que son équipe est menée 1 à 0, Katanec remplace son meneur de jeu vedette Zlatko Zahovic par Milenko Acimovic. La star du Benfica le prend très mal. «ZZ Top» s’en prend violemment à l’entraîneur qu’il insulte copieusement. C’est la crise.
Katanec annonce qu’il démissionnera dès la fin du tournoi.
Zahovic persiste puis publie des regrets à but diplomatique. La Fédération slovène tranche. Le joueur est exclu du groupe.
«Bouleversé», selon ses termes, par ce clash, Srecko aborde le match contre l’Afrique du Sud sur les nerfs. Il suivra la seconde période du haut des tribunes où le quatrième arbitre l’a expédié, las des récriminations constantes dont l’entraîneur slovène gratifiait son collègue officiant au sifflet.
Avant que le rideau tombe sur le Mondial pour les Slovènes mercredi face au Paraguay qui, lui, jouera la qualification, Katanec, se dit quand même fier de ses joueurs. Il n’en veut qu’à la poisse.
«Devant l’Espagne, nous avons été dans le coup jusqu’à cinq minutes de la fin et l’Afrique du Sud a eu la chance de marquer en premier sur coup franc».
«Nous voulons gagner le dernier match contre le Paraguay», se persuade-t-il.
Pour l’honneur et pour que la chance retourne.