Turquie (Groupe C)
Japon - Turquie 0-1: le rêve nippon s'achève... (18/06/2002)
Ce huitième de finale fut sans doute l'un des plus mauvais de la série. Sous la pluie et un ciel bien bas, les vingt-deux acteurs n'ont pas forcément brillé de mille feux. Le Japon était pratiquement méconnaissable par rapport à ses trois prestations du premier tour. Aucun tonus, aucune âme n’est venue animer les lignes nippones ! Les Turcs, quant à eux, sont très vite passés aux commandes de la partie suite à une grossière erreur de l’arrière-garde japonaise. Après ce but d’ouverture, le Japon courut faiblement après l’égalisation et la Turquie se contenta de repousser les mous assauts adverses. Le rêve s’arrête donc aux huitièmes de finale pour le Japon qui peut, néanmoins, s’estimer très heureux de ce parcours en tant que pays hôte et nation émergeante sur la planète foot. La Turquie poursuit donc la route et rencontrera au prochain tour, le Sénégal
Le film de la rencontre
Le match entre ces deux équipes au style opposé (vivacité pour les Japonais, assise défensive pour les Turcs) peut se résumer à un seul geste: la tête victorieuse d’Umit Davala à la 12e minute. Le milieu à la coupe d’Iroquois s’est élevé plus haut que tout le monde, au milieu d’une défense qui l’avait laissé complètement seul, pour reprendre un corner d’Ergun, obtenu après une mésentente entre les défenseurs Koji Nakata et Miyamoto, le capitaine au masque de protection à la Batman qui fait fureur dans l’archipel.
Une action symptomatique de l’ensemble de la partie, qui a opposé des Nippons certes enthousiastes et soutenus par tout un stade et tout un peuple, mais trop naïfs face à une Turquie qui acquiert une expérience grandissante. Les Turcs, quarts de finalistes de l’Euro-2000 (éliminés par le Portugal) savent que leur force réside dans leur défense. En restant bien en place et regroupés, ils n’ont laissé que peu de chances aux Nippons, obligés de croire en l’exploit individuel ou de tenter des tirs de loin peu réalistes. A ce titre, les exemples sont nombreux. Parmi eux, une frappe contrée de Hidetoshi Nakata (52e), difficilement captée par le gardien turc Rustu, une autre, lointaine, de Toda (56e), ou une tête de Nishizawa (61e), qui s’est également fendu d’un tir en pivot en fin de match.
Maigre bilan, d’autant que Nakata n’a jamais brillé, et que la pluie nourrie a rendu le terrain glissant, ne facilitant pas le jeu fondé sur le mouvement des Japonais, toutefois pas aussi tranchants qu’au premier tour. L’un d’eux semblait au-dessus du lot, l’attaquant d’origine brésilienne Alessandro Santos, dit Alex. Son coup franc à l’entrée de la surface (42e) pour une faute d’Alpay sur Nakata, qui a trouvé l’angle droit de la cage de Rustu, sa tête au-dessus (43e) ou ses combinaisons avec Shinji Ono côté gauche auraient pu permettre aux Japonais d’espérer. Mais le sélectionneur Philippe Troussier l’a remplacé à la mi-temps.
Côté turc, Hasan Sas, qui se ressentait d’une douleur à une cuisse les jours précédant le match, a pourtant été assez actif, se jouant notamment d’une défense nippone pas toujours très sûre, pour finalement délivrer une frappe trop écrasée (60e). De même, Basturk ou Hakan Sukur auraient pu à plusieurs reprises doubler la marque. Enfin, le 12e homme japonais, le bouillant public qui attendait un exploit après la précédente et unique participation de 1998 (élimination au premier tour après trois défaites) a fait ce qu’il a pu, s’égosillant et frappant constamment des mains. Mais les siens manquaient encore par trop d’expérience. Rendez-vous désormais pour 2006.
Déclarations
Umit Davala: "C'est formidable d'être en quarts de finale. Nous avons contrôlé la partie, même si la possession de balle était japonaise. Ils n'ont eu que deux ou trois occasions. Nous, nous étions bien organisés, même si mon but était un peu chanceux, car le ballon m'est arrivé sur la tête. Nous avons acquis de l'expérience, avec plusieurs de nos joueurs qui évoluent en club à l'étranger. Nous sommes une équipe forte, qui veut apporter un peu de joie à la Turquie. On verra maintenant si on peut aller plus loin. Pour cela, il faut battre le Sénégal, et ça promet d'être un match difficile. On a quelques jours pour récupérer afin d'être au maximum. Et si ensuite nous affrontons le Brésil, on sera prêts après notre défaite face à eux au premier tour".
Philippe Troussier: "L'aventure qui se termine vient, dans tous les cas, de créer une grande dynamique pour l'avenir. Servons-nous en pour nous projeter vers un grand développement, celui du Japon et particulièrement vers la Coupe du monde 2006. J'ai été très fier d'avoir été l'entraîneur, d'avoir porté le maillot japonais pendant quatre ans et je remercie tous ceux qui mont aidé. Je remercie mes joueurs, tout mon staff. C'est une équipe japonaise digne jusqu'au bout et qui a cru en ses chances. Je suis fier de mes joueurs et je suis fier d'avoir été leur entraîneur. Le Japon a obtenu ses premiers galons. Sur l'ensemble du match, on a montré qu'on était à la hauteur. Je suis fier de terminer sur une image jeune, dynamique et ambitieuse. Nous avons fait un grand match, nous avons produit du jeu offensif. Il nous a manqué un détail. C'est l'expérience qui nous a fait défaut".
Hidetoshi Nakata: "C'est déjà une très belle réussite d'avoir passé le premier tour, ce qui était notre objectif au départ. Mais je suis très déçu de cette défaite, car nous avons bien joué et espérions vraiment nous qualifier. J'espère que le monde va regarder le Japon différemment désormais. Il nous faut continuer à travailler dur. C'est la première fois que le Sénégal et la Turquie vont disputer les quarts de finale, et ça promet un beau match. Je souhaite maintenant le meilleur des parcours à la Corée du Sud, l'autre pays organisateur".
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