"Je ne reconnais plus mon fils Geert!" (27/05/2002)

HOOGSTRATEN "Je ne voulais pas qu'il devînt footballeur professionnel. Tous les camarades de sa promotion sont aujourd'hui ingénieurs ou architectes. Geert était capable de suivre leurs traces. Mais son père l'a incité à embrasser la même carrière que lui. Comme le fils craignait l'autorité d'un papa qui savait s'imposer en souriant, Geert n'a pas osé contrecarrer l'ambition paternelle. Je le déplore encore..."
Jan Verheyen a commis l'imprudence de céder le micro à Lydie, la maman de Geert: "Le football m'avait déjà privé d'un mari à plein temps: je ne tenais pas à ce qu'il m'enlevât aussi le cadet de mes deux enfants. J'ai bataillé ferme avec Jan mais je n'ai pas eu le dessus. Heureusement Anne, notre aînée, est une fille."

Lydie Verheyen s'amuse de ces réminiscences familiales. On devine que le sujet doit encore être abordé, de temps à autre, lors des réunions familiales. Car la maman n'en démord pas: le football a métamorphosé son fils. "Je ne reconnais plus Geert! Enfant puis jeune adolescent, Geert était un bambin toujours gai, plein de vie. Il riait tout le temps! Il n'existe pas une seule photo qui ne le montre hilare. La puberté l'a changé. Il n'est pas franchement devenu taciturne mais il a commencé à se renfermer vers l'âge de 17 ans quand il a cumulé des études de mathématiques et l'entraînement au Lierse. C'était dur. Il a basculé sans transition dans le monde des adultes. Au début, à Lierre, il n'avait pas de copain. Très vite, il a été transféré à Anderlecht. Pour lui, la vie est devenue plus difficile encore. Par orgueil, il n'a jamais voulu s'épancher. Il a tout gardé pour lui et il est devenu introverti. C'est triste..."

Lydie Verheyen reconnaît, tout de même, des qualités fondamentales à son footballeur de fils: "Geert est devenu plus sûr de lui. Il est très intelligent et réfléchi. Il sait ce qu'il veut. Il est franc et honnête et ne se laisse jamais manipuler par les journalistes". Geert Verheyen mène aujourd'hui une existence paisible de père de famille. "Nos voisins composaient une famille de cinq", révèle Lydie Verheyen. "Dès l'âge de douze ans, Geert a juré qu'il aurait beaucoup d'enfants, lui aussi. Anne, son épouse, et lui, en ont trois. De sept, cinq et deux ans. Ils sont pleins de vie comme Geert l'était à leur âge. Leur père les adore mais ils sont tellement bruyants qu'ils ont dissuadé leurs parents d'en concevoir un quatrième."

Lydie Verheyen véhicule une rancune tenace à l'égard du football: "Mon beau-père, joueur du Beerschot, est mort sur une pelouse, d'un infarctus. Jan, mon mari, n'a pas vu grandir son fils. Il partageait son temps entre son emploi à la banque et sa carrière d'international. Il m'a délaissée tous les week-ends. Aujourd'hui, il n'assiste plus aux matches en spectateur. Même à ceux de son fils! Le souvenir du drame qui l'a privé de son père le taraude. Il se contente de suivre les rencontres à la télévision."
Jan Verheyen a viré de bord pour devenir un adepte de la petite reine. La veille de ces confidences, il revenait d'Italie où il avait roulé à vélo pendant treize cents kilomètres...

Sa fiche technique

Né à Hoogstraten, le 20 septembre 1970.
Club: Club Bruges

CLUBS SUCCESSIFS

Hoogstraten VV (1978-86); Lierse SK (1986-88); SC Anderlecht (1988-92); Club Bruges (1992-?)45 capes, 10 buts

Première sélection: Danemark - Belgique (12.10.94)
Mondial 98, Euro 2000