Tunisie (Groupe H)
La Tunisie ne veut plus prendre l'eau (23/05/2002)
Après avoir bu le calice jusqu'à la lie à la Coupe d'Afrique des Nations, la Tunisie nage en plein doute
VITTEL Henri Kasperczak et Henri Michel, les deux derniers entraîneurs français de la Tunisie, n'ont pas relevé les défis qu'ils s'étaient imposés. Le premier a qualifié les Aigles de Carthage pour le Mondial 98. Sans cependant y réussir des prouesses. Le second a guidé ces virtuoses de la balle jusqu'aux portes de l'Asie. Avant de se rétracter après une Coupe d'Afrique des Nations catastrophique sur les plans du jeu et des résultats.
Sans tergiverser, la Fédération tunisienne a alors confié les clés de la maison à un homme plus apte à cerner les contours footballistiques de la bande à Trabelsi mais, surtout, à dompter leurs humeurs. Comment donc cet autochtone, sans pratiquement aucune expérience du plus haut niveau, peut-il sauter les repas et passer de l'entrée au dessert sans risquer l'indigestion?
Manque de temps
Les premières critiques, liées à sa nomination, ont mis le ténébreux Ammar Souayah en appétit. Sevré de titres de gloire malgré plus de vingt années passées dans le monde du foot, Souayah échangerait volontiers la Coupe de Tunsie remportée en 2001 contre une place dans le Top 16 de la compétition sportive la plus prestigieuse de la planète. Pour y parvenir, Souayah a modifié quasi tous les paramètres mis en place par Henri Michel, son prédécesseur. Un stage était prévu en Tunisie fin avril. Annulé. Souayah emmène ses troupes au calme, à Vittel, afin d'accélérer l'intégration d'une armada de jeunes éléments tout dévoués à la cause d'un mentor qui leur offre une chance unique d'exercer leur métier sur la plus belle scène du monde.
`Je suis conscient que le facteur temps nous est défavorable. J'ai repris l'équipe alors que le sprint final menant à la Coupe du Monde avait déjà débuté. Je me suis efforcé de résorber le retard mais, malgré l'effort du staff et de tous les joueurs, nous ne pourrons aborder ce Mondial dans les meilleures conditions.´
Ne nous y méprenons pas: l'entraîneur tunisien n'avance aucune excuse qui pourrait justifier un éventuel échec en terres nipponne et coréenne. Probablement conscient que sa formation figure plutôt parmi les plus faibles du contingent, Ammar Souayah sait aussi que la roue tourne très vite en sport. `Les supporters de la Tunisie, et c'est valable pour tous les sympathisants des pays qualifiés, ne se soucient guère des considérations objectives que les techniciens peuvent apporter. Eux, ce qu'ils veulent avant tout, c'est voir leur équipe briller en Asie. Moi, je ne peux que leur promettre que chaque élément sélectionné s'est engagé à représenter au mieux le football tunisien. La solidarité qui anime ce groupe pourrait nous permettre de pallier certaines carences. Évidemment pas toutes...´
Souayah n'était pas présent au tirage au sort, l'hiver dernier, lorsque Waseige, Romantsev et Troussier poussèrent - ou du moins on le suppose - un gros soupir de soulagement lorsque la Tunisie fut versée dans le groupe H. `J'ai beau l'analyser en commençant par la Belgique, puis par la Russie et enfin par le Japon, j'en reviens toujours à la même conclusion, cette poule est abordable, aussi, pour nous. En affrontant chaque adversaire sans crainte et conscient de ses propres possibilités, il est toujours possible de réussir une performance de premier choix´ assure l'entraîneur qui a délégué des scouts uniquement pour les deux derniers matches des Belges: face à l'Algérie et en France.
Avare de commentaires au sujet de ses futurs adversaires, l'entraîneur tunisien se borne à des banalités du genre: `La Belgique forme un ensemble aguerri, avide de revanche après un Euro quelque peu manqué.´ Ou un tout aussi classique: `Wilmots constitue la pierre angulaire de l'édifice belge.´
Dans ce groupe H où une véritable malédiction semble s'être abattue sur les responsables sportifs (Troussier se fait tailler un costard pour ne pas avoir dévoilé, lui-même, sa liste des 23, Waseige annonce son passage au Standard le jour du départ des Diables pour l'Asie, Michel viré six semaines avant le Mondial...), Souayah la joue discrète. A l'image de sa sélection qui affichait, à Vittel, profil bas. Et ce ne sont pas les deux victoires en match amical face à... Metz et Sedan qui ont dû rendre des couleurs aux Tunisiens.
ENVOYÉ SPÉCIAL EN FRANCE ANGELO VOLPE
Angelo Volpe