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Arbitrage |
'' La Corée n'est pas avantagée '' (24/06/2002)
Un arbitre belge, Roland Van Nylen, rentre du Mondial: avis sur une polémique
SAIVE Roland Van Nylen, quel regard portez-vous sur la polémique née suite à l'élimination, ce samedi, de l'Espagne par la Corée du Sud? `Contrairement à ce que j'entends depuis ce week-end, je tiens tout d'abord à préciser que la Corée du Sud n'est absolument pas du tout favorisée par l'arbitrage. Son statut de nation hôte ne lui octroie aucun privilège. Si tel avait été le cas, le Japon serait, lui aussi, toujours qualifié, et pas la Turquie.´
Vous admettrez néanmoins que diverses décisions passent mal aux yeux de l'opinion publique... `Certains pays ont peut-être envoyé à la Coupe du Monde des arbitres qui n'étaient pas à la hauteur.´
Ces erreurs, comme celles commises ce week-end lors du match ayant opposé l'Espagne à la Corée du Sud, sont extrêmement lourdes de conséquence. `Celle qui prive Morientes d'un goal tout à fait valable correspond, effectivement, à un manquement grave dans le chef du juge de touche qui signale que la balle est sortie alors que celle-ci n'a pas franchi entièrement la ligne. Il pèche par anticipation. Son placement est mauvais. Il accuse un temps de retard par rapport à l'action. Il s'imagine que Joaqun est trop déporté et qu'il ne pourra pas redresser à temps la course du ballon. En quelque sorte, il joue la sécurité. En fait, il spécule sur les reproches qu'on lui adressera si jamais un but tombe tandis que le ballon est sorti et qu'il ne l'a pas vu. De toute manière, il ne pouvait absolument rien voir puisque, et je me répète, la position, penchée, que son corps adopte l'empêche de se faire une idée exacte de la situation. Cette phase est un énorme malentendu.´
Vous avez vous-même fait la ligne à trois reprises durant cette Coupe du Monde. Vous êtes donc tout indiqué pour exprimer ce que quelqu'un ressent quand il se rend compte qu'il s'est trompé aussi lourdement. Que se passe- t-il alors? `Vous êtes accablé, mal dans votre peau. Vous avez cru bien faire. Or les faits démontrent le contraire, de manière brutale souvent, voire cruelle. Il faut essayer d'oublier, c'est tout.´
Le hors-jeu qui met fin à l'action amorcée par Fernando Morientes et poursuivie par Luis Enrique prête également le flanc à la critique. Votre avis... `Lorsque nous sommes arrivés en Asie, nous avons reçu comme consigne de la Fifa qu'en cas de doute sur ce genre d'action, l'avantage devait être laissé à l'attaquant. En disant cela, j'ai tout dit.´
Donc, si vous aviez été à la place du juge de touche ougandais qui sanctionne Luis Enrique... (Il coupe.) `Je n'étais pas à sa place. Mais bon... (Il réfléchit.) Parfois, un hors-jeu est très difficile à évaluer. Sur quels critères se baser? Un bras, une jambe, une tête qui dépassent? Et il faut évaluer tout cela en une fraction de seconde avec, en face, des athlètes qui sont éduqués pour jouer sans cesse à la frontière de ce qui est permis et de ce qui ne l'est pas: c'est très compliqué. Je suis moi-même tombé dans ce piège il y a quelques mois, alors que j'officiais dans le cadre de la Ligue des Champions. C'était à Istanbul, à Fenerbahce. Les Turcs affrontaient les Lyonnais. Ce jour-là, une de mes décisions avait privé ces derniers d'un goal tout à fait valable. Or, au moment précis où je lève mon drapeau, j'étais certain de moi.´
Quelles solutions préconisez- vous afin que de telles bourdes ne se répètent plus? `Par définition, toute erreur humaine est répétitive. Le risque zéro n'existe pas, et il n'existera sans doute jamais. Personnellement, je fais confiance à la Fifa. Elle est consciente du problème et elle fera forcément tout pour le résoudre.´
© Les Sports 2002
Paquet Dominique |
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